Dans notre société occidentale, les situations de reproche et de mépris sont très nombreuses ; au bureau, à la maison, dans les transports en commun… partout. On vous regarde de haut en bas, stoïque et grimaçant, comme si votre présence s’avérait être « gênante », « inutile ». Si nous nous laissons atteindre, nous pouvons effectivement nous laisser prendre au piège ; ainsi nous nous retrouvons abattus par l’atmosphère pesante qui nous entoure. Les vulnérabilités émotionnelles que vous dévoilerez à votre entourage peuvent être bénéfiques, mais dans ces situations de conflits, il vaut mieux garder la tête haute et faire preuve de courage, d’observations, sans jugement.
Ceci dit, il faut reconnaître qu’il existe certaines occasions où, très souvent, sous l’emprise étroite de vos émotions, vos jugements, votre vécu, vous pouvez manquer de respect à vos interlocuteurs. Soyons honnête, c’est arrivé à tout le monde. Et quoi de mieux que d’être confronté à ce type de situation, où vous aurez l’occasion de travailler en pleine conscience, dans l’instant présent, sur vous-même et réfléchir à vos torts. Dans d’autres occasions, au contraire, on vous causera beaucoup de mal et vous aurez à faire preuve d’une grande tolérance, et l’un des plus grand pouvoirs innés que vous possédez : le pardon.
Pardonner une personne pour les fautes qu’elle a commise, c’est avant tout prouver à soi-même que nous sommes humains et doté de raison. Nous évaluons le bon et le moins bon, et nous scrutons le moindre recoin blessé de notre personne. Nous pouvons très souvent lire que le pardon se mérite, mais c’est faux. Car le pardon, ce n’est pas simplement excuser une personne pour les blessures qu’elle nous inflige. Le pardon, c’est accepter la réalité et le passé comme un temps révolu et inaltérable, auquel il est inutile de s’y attacher. Nous vivons d’expériences durant notre vie, et notre esprit s’endurcit pour affronter les plus grands obstacles que nous pouvons rencontrer. En l’absence de pardon, une relation peut être détruite à tout jamais et les protagonistes se trouvent réduits à état de conscience inférieur, un mental dérangé qui éprouve des sentiments de mépris, haine, parfois de vengeance, et qui conduit lentement à la destruction de leur personnalité. Quels sont donc les pouvoirs du pardon ?
Observer, analyser la souffrance
Pour apprendre à pardonner, il faut d’abord savoir reconnaître que vous avez été blessé(e). Et lorsque vous êtes blessé, vous avez tendance à vouloir enfouir une blessure qui ne cicatrise jamais véritablement. Afin de guérir cette blessure, vous êtes indubitablement obligé d’entrer en contact avec la source de celle-ci. Ce n’est pas facile, car vous pouvez être pris de colère et de tristesse. Vous pouvez également ressentir de la peur face aux émotions qui vous imprégneront par conséquence. Il vous faudra donc vous accorder du temps et vous armer de patience pour y faire face. N’allez pas trop vite dans cette prise de conscience car vous risquez de vouloir pardonner trop vite et oublier de respecter ce qu’il se passe en vous-même.
Prendre la bonne décision
Pour mettre en oeuvre le pardon, il faut avant tout atténuer votre souffrance. Faites preuve de courage, de sincérité, et adressez-vous aux personnes qui vous ont fait souffrir. Dites leur très clairement que ce qu’elles font nuit à vos sentiments, vos émotions, ainsi que votre état psychologique. Attention, leur faire remarquer ne signifie pas le faire avec colère et ressentiment.
Extérioriser la douleur
Pour s’engager sur la voie de la guérison, il faut savoir extérioriser votre douleur pour mieux pouvoir la gérer, puis la guérir. Évitez d’en parler autour de vous pour dire du mal de l’autre, ou encore d’exprimer votre douleur face à la personne qui vous a causé du tort. Nous faisons ça de manière très noble, sage, et sans aucun sentiment de vengeance. Pour extérioriser cette douleur que vous emmagasiné, n’hésitez pas à écrire toute votre peine sur une feuille ou dans un cahier. La violence que la blessure aura causé en vous sera contenue par ce cahier et n’aura aucune conséquence néfaste. Si vous décidez de vous confier à quelqu’un, il vous faut décrire des faits sans aucune interprétation personnelle des intentions. Si vous décidez d’en parler avec quelqu’un, évitez de vous lamenter et de vous placer en victime. La ou les personnes à qui vous déciderez de vous confier doivent être assez mûres pour vous écouter sans que celle(s)-ci ne vienne à mépriser la personne qui vous a fait du mal. Accordez-vous également du temps pour extérioriser votre douleur en pratiquant beaucoup de sport.
Pardonner en toute conscience
Le pardon total est impossible si vous avez sauté l’étape précédente. Comprenez qu’il est important que vous ayez analysé et observé vos émotions, vos comportements, et identifié clairement ce qui a été touché. Dans toute démarche de mise en oeuvre du pardon, il y a un deuil à faire par rapport aux attentes que vous aviez de quelqu’un, la confiance que vous avez perdue ou encore l’amour attendu que vous n’avez pas reçu. Il vous faut lâcher-prise. Vous verrez par la suite que votre colère commencera à fondre, car vous aurez toucher à la racine de votre douleur afin de la soigner. Les mots ont un pouvoir thérapeutique car nous avons en nous une capacité réparatrice innée très puissante. C’est pourquoi, d’ailleurs, les psychologues et les psychiatres sont aujourd’hui capables de nous aider à ce niveau. Pardonnez en pleine conscience de vos pensées et de vos sentiments. Tournez la page en observant votre temple intérieur, car il vous libère profondément.
Que faire après le pardon ?
Vous avez toujours le choix. Vous pouvez choisir de vous réconcilier avec la personne, mais vous n’êtes pas obligé. Le pardon n’est pas forcément synonyme de naïveté, il est une transformation profonde de votre relation avec autrui. Si vous décidez de vous réconcilier, votre relation ne sera plus jamais comme avant. Votre expérience, au delà du pardon, restera toujours gravé dans votre mémoire. Le seul chemin positif qui peut être emprunté est l’approfondissement de l’amour entre vous, et décider d’un commun accord. Quand vous pouvez souffrir ensemble et accepter cette souffrance-là, il y a une sorte d’approfondissement de l’être, d’une puissante découverte. Un amour qui n’a pas souffert est un amour qui manque de profondeur. On le voit très souvent dans de nombreux couples. Mais un tel chemin commun n’est pas toujours possible, il faut se l’avouer. Dans certaines situations, particulières, il est même préférable qu’il n’y ait pas de réconciliation, par exemple si la personne n’a pas pris conscience de la souffrance qu’elle vous a infligé, si elle demeure inchangée face aux évènements, si elle peut continuer à nous agresser, à nous faire du mal.
Le pardon n’est pas un service qu’on rend à l’autre : il permet de ne pas vivre dans la vengeance, mais de vivre en paix avec soi-même. – Emile Shoufani